De manière synthétique, sont présentés ici quelques éléments importants de la doctrine et des écrits de saint Jean Eudes. Les références bibliographiques et les renvois au Lectionnaire de la Congrégation de Jésus et Marie permettent de prolonger l’étude de ces éléments.
Lectionnaire n°34 à 42
Les prêtres ont occupé une très grande place dans la vie de saint Jean Eudes. Déjà à l’Oratoire, à la suite de Pierre de Bérulle, soucieux de conduire le clergé à l’état de perfection, il perçoit, lors de ses premières missions, qu’on ne pourrait pas restaurer la vie des communautés chrétiennes sans aider les pasteurs à se former solidement et trouver une vie spirituelle solide. Jean Eudes veut redonner sa dignité au ministère des prêtres, en reprenant sa conception de la vie chrétienne comme continuation et accomplissement :
« N’êtes-vous pas envoyés de Dieu pour former son Fils Jésus dans les cœurs ? et n’est-il pas vrai que toutes les fonctions ecclésiastiques n’ont point de moindre but que la formation et la naissance d’un Dieu dedans les âmes ? » 1
Si sa pensée porte la marque de son temps, elle n’en constitue pas moins un riche filon spirituel e des repères solides pour les séminaristes et les prêtres d’aujourd’hui.
L’affirmation la plus vigoureuse de Jean Eudes est qu’il n’y a plus, dans la loi nouvelle, d’autre sacerdoce que celui de Jésus-Christ. En lui, Dieu et homme, s’est accomplie pleinement et définitivement la communion de l’homme avec Dieu, qui est la raison d’être du sacerdoce et l’essentiel du sacrifice.
« Il n’y a qu’un sacerdoce dans la religion chrétienne, lequel est originairement et souverainement en Jésus-Christ, et par extension et communication dans les autres prêtres : aussi, à proprement parler, il n’y a qu’un seul prêtre, qui est ce même Jésus-Christ, souverain Prêtre ; tus les autres prêtres n’étant qu’un , voire étant consommés en unité avec lui. » 2
Si Jean Eudes reconnaît ainsi le sacerdoce baptismal, il a l’habitude de référer constamment les prêtres au Christ, sous différents aspects du mystère de Jésus. Il a l’intuition très exacte – et intéressante pour aujourd’hui- du fait qu’aucun ministère, aucun service d’Église exercé par les prêtres, ne suffit à exprimer complètement le mystère de la prêtrise 3 : les prêtres sont, au contraire, des hommes qu’on ne peut décrire que si on les montre accomplissant diverses charges personnelles de Jésus :
« Comme il nous a rendus participants de son admirable sacerdoce et de toutes ses plus nobles qualités, c’est-à-dire de ses qualités de médiateur entre Dieu et et les hommes, de sa qualité de sauveur pour coopérer avec lui au salut des hommes, de sa qualité de juge pour exercer son jugement au tribunal de la pénitence, il veut aussi nous associer avec lui dans sa qualité et dans son office de prédicateur. « 4
La doctrine suivant laquelle les prêtres sont les associés de Jésus en son activité personnelle multiforme se trouve exprimée de façon constante et diffuse à travers tous les écrits que Jean Eudes composa à l’intention des prêtres 5 . Ainsi énonce-t-il le principe de sa théologie de la prêtrise de la manière suivante :
- OC. 3, p.16
- OC. 3, p.9
- M. Cancouët, Saint Jean Eudes : sacerdoce et prêtrise, Cahiers eudistes n°08, 1983, pp.89-105
- OC. 4, p.1-2
- Centrer le ministère et la vie des prêtres sur le Christ, c’est ce que rappelle maintes fois Presbyterorum Ordinis. Par exemple au n°14 : « En vérité, le Christ qui fait toujours, dans le monde, par l’Eglise, cette volonté du Père, continue à agir par ses ministres. C’est donc lui qui demeure toujours dans l’unité de leur vie. »
- OC. 4, p.154
- La première fidélité demandée à un prêtre est de continuer à croire à son propre mystère…
- OC. 4, p.158
- OC. 3, pp.24-31 – Lectionnaire n°39